Pas le choix.
Depuis mai, cette essaimeuse n’a pas réussi à entraîner ses fidèles vers une quelconque prospérité.
Malgré mes injections de fonds sirop, jamais la population n’a pu croître suffisamment pour avoir assez de butineuses.
Alors quand cette visite pré-hivernale me montre une population faible, une trésorerie des greniers vides de toute réserve, la conclusion s’impose : cette colonie ne passera pas l’hiver . Dès octobre elle aura faim et en décembre elle mourra de froid . Pas assez de population pour faire la grappe et se tenir chaud comme les pingouins de l’antarctique.
Et il est trop tard en saison pour lui faire produire une nouvelle reine toute neuve.
Alors..
Je déplace la ruche à une dizaine de mètres.
J’isole la reine, l’euthanasie avec un petit sanglot.
J’enfume fortement la colonie, que chacune, au son de l’alarme incendie, se gave de provisions.
Un à un, je sors les dix cadres et les secoue violemment. Les paquets d’abeilles jonchent le sol. A vous, mes petites, de trouver refuge ailleurs, dans une autre de mes ruches. Votre paquetage de provisions vous servira de sésame dans une colonie plus vigoureuse qui vous aidera à passer l’hiver.
Arrêter l’injection de fonds, sacrifier les mauvais dirigeants afin de sauver le précieux personnel … Saurions nous le décider dans nos sociétés ? Arrêter l’injection de fonds, oui . En ce qui concerne les hommes, la question est posée.