Maison commune

La mort dans l’âme, je conduis la tondeuse autoportée dans la jungle. La partie de pelouse que j’avais décrétée réserve naturelle a été déclarée “laide”, “moche”, et devant la vox populi condamnée. Deux passages sur mon tracteur, et ce sera un beau désert vert. En attendant, c’est la panique. Grillons, sauterelles, libellules, papillons, abeilles de toutes sortes s’enfuient à tire d’aile, leur vrombissement couvert par le mien. Jamais je n’avais vu en ce lieu tant de libellules rouges, vertes, brunes ou bleues. Tant de sauterelles et de mantes. De papillons et de bourdons. Même un petit mulot qui fuit son terrier englouti. Leur maison est détruite, car laide et moche. Est-ce bien partager la maison commune que de détruire la leur pour le régal éphémère de nos yeux humains ?  

La larme à l’œil, je garde espoir. Si pas l’an prochain, la suivante ils auront progressé dans leur prise de conscience. Et la tonte se résumera à tracer des labyrinthes pour la grande joie des petits humains et des grands insectes.

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