Et que fait-on au ciel ? On chante !
Comment, mais ici-bas déferle la débâcle!
Et eux, dans l’insouciance, poursuivent leur louange.
Le chant de tous ces anges couvrirait-il les pleurs ?
Le son de nos fusils serait-il assourdi
par la voix des cantiques ?
N’ont-ils pas mieux à faire que de louer sans cesse
le trône et sa victoire, alors que rien sur cette terre
ne semble s’accorder à leurs hymnes sublimes.
Une fête comme seul écho à nos cris d’injustice,
en réponse insolente à nos plaintes épuisées.
La révolte me prend : arrêtez donc ce bruit !
Silence dans les cieux ! Ni musique ni joie,
partagez bien plutôt le deuil qui doucement
dévore tout ce monde voué à l’agonie.
Que l’on repeigne en noir vos parures chatoyantes,
qu’un jeûne séculaire interrompt le banquet.
Que le ciel se fige. Qu’il sombre dans ma nuit.
Mais l’ange me dit : écris.
Heureux.
Un seul mot, dicté par le Puissant.
Heureux, l’ultime parole
jetée comme un remède à notre désespoir.
Heureux,
parce que la vague immense qui roule dans les cieux,
débordante de vie, étincelant de gloire,
vient noyer toute mort.
Heureux :
la force redoutable nous vient de la louange.
La puissance éternelle accompagne celui
qui n’attend pas le ciel pour se joindre à la danse.
Heureux,
qui dans la nuit reprend, debout, sans crainte,
le cantique des anges et des armées célestes,
vivant, plus que jamais.
O seigneur,
apprends-moi à chanter dès ici-bas ta gloire
réveillant de ma voix le monde résigné.
merci, frère Franck Dubois , de cette méditation en alexandrins sur Apocalypse 19 4-9.
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