En une dizaine de jours, j’ai rencontré 4 patrons . Très différents . Mais qui ont tous exprimé une même position : on n’embauche pas .
R , le premier, travaille seul. Il a bien eu des employés dans le passé, mais n’en veut plus. Bien que le travail ne manque pas depuis des années, il ne veut plus du coût fixe que représente un salarié. S’il a vraiment trop de charge, il s’associe avec des collègues ou augmente ses délais.
X, lui, bloque a 48 personnes … en France. Son entreprise atteint les 200 personnes au total, en Espagne, en Turquie, au Japon… Ses employés espagnols travaillent beaucoup pour le territoire français, et c’est très bien comme cela. Ça évite de passer le seuil des 50 personnes**, qui équivaut à ajouter environ 2 personnes juste pour remplir les obligations sociales.
F , lui, a hérité de l’entreprise familiale de près de 300 personnes, l’a faite croître et embellir. Harcelé par les contrôles fiscaux et l’URSSAF, il a dé-localisé le tout en Suisse il y a quelques années.
P, cadre dirigeant de multinationale, est comme beaucoup de ses pairs basé hors de France. Exil fiscal ? Proximité des marchés ? Un peu des deux, sans doute . En tous cas, une chose est certaine : pas question d’embaucher en France, tant il est long et difficile de rompre un contrat, les prud’hommes étant si agressifs avec “les gros”. Mon expérience professionnelle me permet de confirmer cette agressivité ahurissante.
Et bien sûr, avec lui, P entraîne une partie de son état major, ses assistants … Il y a fort à parier que pour la France, les pertes de charges sociales et fiscales relatives à ces employés sont bien supérieures à la recette potentielle d’ISF qui a généré contribué à leur départ…
Charges, seuils sociaux, contrôles tatillons, rigidités…. 4 causes principales pour 4 types de sociétés, avec l’ISF en toile de fond.
Donc :
- stop à l’ISF, impôt idiot qui a les mêmes effets pour le pays que la révocation de l’édit de Nantes*
- oui a la TVA sociale, pour baisser les charges ….. et du coup rendre inutiles la moitié des contrôles.
- quand aux seuils sociaux**, établis il y a plus d’un demi siècle dans un contexte socio-économique autre, pour une industrie qui n’a plus grand chose à voir avec notre tertiaire actuel, il y a sûrement moyen de les revisiter, et d’éviter leur effet de machine à punir ceux qui réussissent.
Le voilà, le programme que je regarderai quand je mettrai mon bulletin dans l’urne.
- la rigidité du marché et ses contrôles tatillons seront hélas plus lents à évoluer car, plus que quelques mesures législatives, ce sont le soutien et l’encouragement de l’entrepreneur par toute la société, politiques, juges et média, qui lui sont nécessaires. Il y a du chemin…
* Cette révocation entraîne l’exil d’au moins 200 000 protestants (sur les 800 000 que comptait le royaume à la fin du xviiie siècle). La révocation de l’édit de Nantes peut être considérée comme une erreur commise par Louis XIV qui contribua à appauvrir et affaiblir encore plus le pays . Wikipedia
* Malgré l’interdiction royale, entre 200 000 et 300 000 réformés, appartenant surtout aux professions libérales et aux métiers du négoce et de l’artisanat, s’enfuient vers les pays de refuge de l’Europe protestante, dont ils enrichiront le potentiel économique et intellectuel.
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/r%C3%A9vocation_de_l%C3%A9dit_de_Nantes/186072
** http://www.liberation.fr/evenements-libe/2015/01/28/les-seuils-sociaux-a-la-loupe_1190346