Force est de constater la chose, alors que ce second mois de confinement avance. L’immense tas de déchets, pour ne pas le qualifier de dépotoir, que j’ai accumulé en prenant possession de l’ancienne ferme dans laquelle je suis confiné, a quasiment disparu.
L’énergie initiale de rangement, d’élimination des cochonneries accumulées par les générations de fermiers dans les pièces du bâtiment d’élevage, ont généré ce tas.
La frénésie d’aménagement desdites pièces , à son tour, a généré une longue liste de besoin en matériel qui n’était pas vraiment de première nécessité, donc pas trop disponible.
Alors patience et longueur de temps ont fait plus que force ni que rage. Peu à peu les idées ont évolué, les besoins aussi. Une à une les cochonneries ont été retirées du tas pour être nettoyées, transformées, recyclées. Toute ferraille devient docile sous le marteau après avoir passé quelque temps dans l’âtre. Toute scie s’avoie. Même un peu oxydé, tout fil de fer , tout clou, peut resservir. Un très vieux bout de grillage protège aussi bien des oiseaux les salades juvéniles qu’un neuf, une barquette de fraises fait la cloche très efficacement sur un plant de courges.
L’esprit des générations antérieures de paysans artisans, qui a soufflé dans cette ferme ou dans celle de mes aïeux, revient en force*.
Finalement, quand la liberté reviendra, un seul petit voyage à la déchetterie suffira pour rendre au jardin son air propret.
Et je ressors de cette expérience avec une conviction : chaque déchetterie devrait être doublée d’un repair café. Doté entre autres du seul outil qui m’a vraiment manqué pendant ces deux mois de réclusion campagnarde: une imprimante 3D**.
*Faire avec ce que l’on a. En y consacrant le temps nécessaire plus que la furie carbonée.
** Imprimante 3D ? Pourquoi ?