A Dios – Une page de 40 ans se tourne…

C’était hier ….

je me souviens encore du lever à 3 h du mat pour partir sur mon vélo … eh oui déjà… prendre mon poste de l’équipe du matin à l’usine , dans l’atelier de perçage. Huit jours …. a percer des trous , a conduire des presses à découper …. suffisamment pour comprendre qu’on ne conçoit pas une pièce n’importe comment, que derrière il y a des gens qui mettent de la vraie sueur a produire, que ça vaut le coup de se creuser un peu les méninges pour leur rendre le travail plus facile… c’est mieux pour eux et c’est mieux pour l’entreprise. Ça m’a suivi toute ma carrière…

Depuis, j’ai cheminé dans a peu près toutes les disciplines de l’entreprise, et en ai gardé des bribes. :

Conception mécanique …. si tu mets une goupille, t’as perdu m’a appris mon maître.

Coupure Moyenne Tension … et le plaisir de faire partie de ces minuscules communautés mondiales d’experts .. Eh oui, la normalisation, déjà …

Commerce, à Saumur… a une époque ou le TC , comme on l’appelait, se sentait responsable de ramener de la charge à l’usine. Ça m’a permis de développer et vendre des systèmes de supervision a mes clients . Déjà du digital , il y a plus de 30 ans, Je leur vendais aussi le container en béton développé par mon copain  pour abriter le tout . Et j’ai découvert les freins internes de l’organisation , prix de transfert, rémunération de l’effort commercial…

Maintenant, c’est complètement différent . Ça a changé . Ça s’appelle cross selling, cross costing, et c’est un problème tout neuf  …;-)

Afrique du Sud . A cette époque des sanctions, j’ai tout fait : de la conception, industrialisation, vente, après vente, tôlerie, soudure, peinture, moulage, usinage, gestion de production, assemblage, bobinage de transfos, achats. J’ai tout fait.

Mal.

Ça m’a appris le respect pour la compétence . Il y avait, et il y a encore , un énorme réservoir de compétences en France, et il faut s’être cogné les problèmes en vrai pour mesurer cela. C’est peut être une expérience qui manque aux high pots qui montent trop vite ou aux big guns qui sont parachutés tout en haut.

Ça m’a appris a gérer la diversité, par exemple qu’on ne met pas un chef d’équipe Xosa là ou il y a des Zoulous. C’est littéralement mortel.

Ça m’a aussi appris à négocier avec la CGT locale a coup de citations bibliques… je n’ai pas vraiment retrouvé cela en France.

De retour en France, j’ai découvert la joie de la création des organisations matricielles. Coopté par mes copains au poste de patron d’activité … et chargé d’aller expliquer a mes amis anglais, suédois, allemands, espagnols, américains… qu’ils n’étaient plus seuls maîtres à bord mais qu’il y avait un corporate qui manageait les plans produits globalement… et qu’il fallait tous suivre les mêmes process de développement…  qu’on mettait une logistique globale qui couvrait le monde. On est en 1994….et les forces centrifuges dautonomie des entités, la puissance du not invented here, my country is different, my customer is different, n’étaient pas plus faibles que maintenant. Ça a commencé à me convaincre que cette attitude futile était une des sources majeures de complexification artificielle et inutile. 

Un jour, un grand RH a décidé qu’il fallait maintenant que je fasse une expérience de management industriel lourd.

Alors, va pour du lourd . Vous mettez dans un panier en vrac et dans le désordre l’usine L, Y et Z, T à Rennes, S et R pour alléger le pack, sans oublier les ateliers régionaux  et la tôlerie . Bien des sites aujourd’hui disparus…

Ça a du faire un peu trop . Car au bout de quatre ans, on a fini par me demander de trouver autre chose, parce que..  sic : « J’avais la chance d’avoir d’excellents résultats grâce à une équipe de collaborateurs  très motivés malgré mon mauvais management ».  Dont acte . Je ne pense pas être un manager normal. Et je n’en ai jamais eu envie. C’est à cette occasion que j’ai découvert que dans ce groupe, on recherche a tout prix la diversité, mais à condition que les comportements ne soient pas trop divers quand même… Vous savez, le coup des bananes en Chine et des pommes aux US : jaunes de peau, blanc dedans . Rouge de peau, blanc dedans.

Donc sans transition aucune je me suis retrouvé à faire la stratégie résidentielle et le marketing  du pays France. Ça m’a appris à savoir écouter les petits. Je me souviendrai toujours d’un focus group d’installateurs ou un artisan, tenant dans les mains un superbe interrupteur, le retourne et dit d’un seul coup:  » Ben avec ces sorties là on n’a pas fini de s’emmerder avec deux sucres au fond de la boite de 38« .  La messe était dite . Il était le seul dans le groupe a être tout petit, on avait par ailleurs des patrons ,des bureaux d’étude, des décideurs quoi…

Ça m’a valu le tir croisé des deux patrons de la France et de l’Espagne, et j’ai fait dépenser 10M€ pour redévelopper une offre. Mais, comme des experts l’ont dit plus tard : ça a évité de faire une connerie…  Ecouter les petits , les faiseux, … ça a été une belle leçon.

Et je suis retombé dans le corporate : à l’époque ou on a eu l’intelligence de mettre des offres diverses dans la même orga, parce que ça se vendait souvent aux mêmes clients avec le même business model…   Avec Alain B, mon modèle de patron . C’est bizarre, de lui aussi j’ai entendu dire qu’il était un patron “old style”, dépassé . Pourtant, je crois qu’on aimerait que tous les patrons obtiennent les résultats qu’il a obtenus… et je vous souhaite à tous d’un jour croiser un patron comme lui.

Et quand Eric R m’a appelé pour être à la tour de contrôle des projets de sa division, j’ai découvert que sans m’en être rendu compte j’étais devenu un marketeur.

Depuis maintenant 7 ans, j’essaie de faire tourner cette machine marketing … et je découvre en écrivant ce topo que je ne fais qu’appliquer tout ce que j’ai appris :

  • s’organiser et segmenter par les clients et le business model, pas par la techno.
  • respecter la compétence, écouter les petits,
  • se creuser un peu les méninges pour rendre le travail plus facile
  • avoir des collaborateurs compétents et motivés, différents de moi et tant pis s’ils n’obéissent pas trop.

J’en viens au texte de mon invitation, qui a fait rigoler Elizabeth … et peut être d’autres.  Pour moi, un bon manager est quelqu’un qui doit savoir dire les 3 mots magiques du pape François , dans l’ordre :

Merci, Pardon, S’il te plait.   Après avoir dit merci et pardon, il peut obtenir tout ce qu’il veut, juste en le demandant gentiment .

Pour info, c’est aussi valable dans votre couple …..

Dernière question : Mais que vais je faire après ???

D’abord, c’est vrai, j’ai peur de l’arrêt brutal . Alors j’ai créé ma petite entreprise de consulting pour m’occuper a mi temps , pas plus, pour aider. Surtout pas pour prendre la place d’un jeune…

Ensuite, ceux qui me connaissent un peu savent que j’ai déjà un certain nombre d’activités, au service des amoureux, des couples, des parents, au sein du diocèse… Au service de l’amour.  Ça va être difficile de ne pas me faire manger tout cru par ce monde là.

J’ai aussi depuis très longtemps un peu d’activité sur les réseaux sociaux , pas assez à mon goût .. Au passage, si ma page facebook est totalement visible de tous, ce n’est pas une fausse manip de « geek des sixties » , comme me surnomment gentiment certains jeunes, c’est parfaitement volontaire … J’ai un petit côté évangélisateur, pour ceux qui ne l’ont pas remarqué.  D’ailleurs, la politique que j’avais taquinée un temps est en train de revenir me chercher elle aussi.

Enfin, j’ai déjà 3 petits enfants, du potentiel pour plus … et je compte bien ne plus laisser les cerises pourrir sur l’arbre sans avoir eu le temps de les cueillir…

Encore merci de votre présence, Merci à Elizabeth pour l’organisation de ce pot, à O et à ceux qui ont eu la gentillesse de préparer et d’animer la surprise que nous venons de voir .. merci à tous pour toutes ces années….. et que Dieu vous bénisse.

40-happy-face

 

 

Les habitués du blog auront compris que je retranscris là un topo de départ dans lequel ils reconnaîtront des thèmes déjà abordés au fil des mois d’existence de ce blog.. le nuage de thèmes en haut à droite pourra aider à les retrouver…

 

6 commentaires sur “A Dios – Une page de 40 ans se tourne…

  1. BERTRAND

    j’aurais bien aimé avoir un manager comme celui-ci qui vient de fêter ses 40 ans au service pour une multinationale !
    Mais le Droit des Affaires aurait-il été sa tasse de thé ?

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    1. C’est sur que le monde des grands projets internationaux n’est pas toujours celui des bisounours, mais on peut toujours y faire quelque chose, même si parfois cela paraît dérisoire…Et je veux croire que dans la durée une entreprise voyou finit par y laisser des plumes.

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  2. […] me suis déjà fait l’apôtre du « merci, pardon, s’il vous plait » **. De la […]

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  3. […] ** La synthèse de la quarantaine professionnelle […]

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  4. […] fondamentaux du management ? ** L ‘ensemble des interventions de la semaine, avec une reco spéciale pour la conférence […]

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